Art Urbain en intérieur
- Florence Legrand
- 7 déc. 2023
- 3 min de lecture
Par ce temps d'hiver, découvrir ou redécouvrir des artistes de street art à l'abri, c'est plutôt sympathique. Personnellement, je suis séduite par cet art qui croise de nombreux styles et moyens techniques pour s'exprimer, et qui très souvent porte un message contestataire.
Ce n'est pas vraiment le cas de l'artiste Seth dont le vrai nom est Julien Mallard, né à Paris en 1972, et qui expose actuellement au musée en herbe, musée consacrée aux enfants ou aux adultes qui ont conservé une âme d'enfant. Seth se considère plus comme un peintre public qu'un artiste de Street Art. Ses peintures, si elles ont souvent un message caché qui reste à l'interprétation de chacun, ne veulent pas choquer, mais raconter une histoire et plutôt attirer la bienveillance.
Les dessins de Seth représentent le plus souvent des enfants dont le visage est caché partiellement ou en totalité dans un vortex de couleurs qui représente l'imaginaire. Cette inspiration liée au monde de l'enfance lui vient de son expérience de voyage où les enfants sont partout. Il ne livre pas l'ensemble des traits du visage pour que chacun puisse s'identifier librement à ses petits personnages.

On peut retrouver dans l'ouvrage "Globe Painter" récompensé en 2007 au festival du Carnet de Voyage de Clermont-Ferrand, les peintures qu'il a effectué dans différents points du globe, en collaboration avec des artistes locaux.
L'exposition du musée en herbe débute avec une mise en relief de ce côté Globe troteur de Seth, avec des peintures et vidéos de peintures, relatives à d'autre contextes, d'autres cultures que la France.

Puis lui succède une salle qui représente Paris, et porte une allégorie "comment devenir un artiste", par l'enseignement, les livres, la curiosité, la communication : développer l'imaginaire et la poésie est le fil conducteur de Seth.

La suite du parcours suit cette thématique : des jeux de société qui sont évoqués par des tableaux, ou encore des expressions autour du mot "jouer" qui sont matérialisées dans différentes oeuvres : peinture ou sculpture, et ce sont des représentations au pied de la lettre !
Quelques mots sur la technique employée. Pour ses oeuvres gigantesques, Seth utilise un système de projection pour reproduire son dessin sur le mur, puis il utilise des bombes de peinture avec un système de caches. Il maîtrise l'art du "crachin" noir avec sa bombe pour peindre notamment les ombres.
Et pour nos photos de groupe, on a joué avec les outils que Seth nous a laissé là !
Après le musée en herbe qui nous a ravi par sa gaîté, direction le "musée Banksy". C'est un tout autre univers que nous allons rencontrer. Si Seth veut nous émouvoir, Banksy, citoyen britannique, qui souhaite garder l'anonymat ("Personne ne m’a jamais écouté, jusqu’à ce qu’on ignore qui je suis" Banksy), est le roi de la provocation et de l'humour grinçant, et certainement l'artiste de rue le plus connu. Pour lui, le street art est résolument en outil de contestation, et on peut dire que chaque dessin fait mouche pour dénoncer, entre autres, la privation de liberté, la guerre, la société de consommation. Nous avons d'ailleurs appris, juste avant de nous y rendre, par une médiatrice du musée en herbe, que ce "musée" n'était pas fait en collaboration avec l'artiste. C'est un peu dérangeant quand l'entrée demandée est de 14€, et que la sortie s'effectue par une boutique avec pléthore de reproduction sur objets en tout genre. A qui cela profite t-il ? La question reste posée, pas de réponse à cela. Quand on connait les idées de Bansky sur la commercialisation du street art et les droits d'auteur, cela interpelle !

Quoiqu'il en soit, le lieu a été aménagé pour refléter les "oeuvres" de Banksy (donc forcément des reproductions) dans leur milieu originel, c'est à dire essentiellement sur des murs dans la rue, y compris le mur de séparation entre Israël et la Palestine (sujet on ne peut plus d'actualité !) Cela donne une ambiance froide et bruyante (sonorisation de fond et pour nous, lycéens en visite, contribuent totalement à reproduire le réel). L'intérêt de cette exposition (permanente ?) est de concentrer dans un même lieu, un grand nombre de dessins de Banksy, et d'avoir une vue large des sujets abordés, de son style et de sa technique (pour les peintures, c'est très souvent au pochoir, ce qui permet d'aller vite, puisque toutes ses peintures sont par définition illégales). En cela, cette visite est une véritable réussite.
Selon sa sensibilité, on sera plus ou moins interpellé, voir choqué (et c'est bien le but) par certains dessins qui soulignent des abus ou abération de notre société.
Cependant quelques dessins (et ce sont les plus connus !) éclairent toute cette noirceur, d'une note d'optimisme (C'est ce que je veux croire en tout cas ;-)
En conclusion, cette visite me motive pour continuer à creuser ce domaine du street Art qui est extrêmement riche. Je proposerai une nouvelle sortie sur ce thème au printemps.
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